Interviewer Arnaud, c’est rencontrer un homme engagé, généreux dans le temps accordé, modeste devant l’ampleur de la tâche mais très clairement déterminé à aider les autres.
Comme c’est souvent le cas, son engagement prend la source dans sa propre expérience, ses propres difficultés et à l’époque où il avait été « chahuté », comme il dit, il s’était senti bien isolé dans son environnement professionnel. « C’est brutal de se retrouver seul devant ses difficultés . J’ai vécu une expérience professionnelle traumatisante sur l’agence de Caussade. A l’époque, j’aurais apprécié recevoir une écoute, une idée, un conseil… et maintenant, avec le recul (presque une décennie après (Ndr) , j’ai envie de pouvoir apporter tout cela ».
Rapide présentation …
Je viens d’avoir 50 ans. Divorcé , j’ai 3 magnifiques garçons de 24, 13 et 7 ans .
Je suis au CIC depuis 2008.
Mes centres d’intérêts tournent principalement autour de mes enfants !!! Et aussi le sport , en extérieur ou en intérieur, je pratique les sports de combat depuis 10 ans.
Son parcours :
Je suis chargé de clientèle au CIC de Montauban depuis 2018 .
Mon premier métier « banque «, c’était à la banque postale de 2005 à 2008 , ensuite je suis rentré au CIC en 2008 en tant que Chargé de clientèle à l’agence Villeneuve sur Lot .
En 2009 j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’agence de développement du CIC (ADEV) , j’ai travaillé pour le groupe puis pour la région ex DR Midi PY jusqu’en 2013.
Cette période reste un très agréable souvenir. Même si le challenge était de taille- constituer entièrement la clientèle d’une agence, avec un objectif de 400 à 500 clients par agence sur un mois-, la mission était variée et me permettait de rencontrer énormément de monde, de situations et de construire. Cela m’a permis de constater que chaque région a son mode d’organisation bien différent, et que chaque directeur impulse aussi sa façon de voir les choses. Ca donne une bonne vision du groupe et permet de s’adapter ensuite à toute sorte de situation.
En 2013 j’ai intégré le parcours CC pro à l’agence de Cugnaux puis Toulouse st Exupéry , expérience très compliquée qui m’a amené à quitter le poste de CC Pro pour celui de CC en 2014 à l’agence de Caussade, puis en 2018 Montauban. J’ai trouvé extrêmement dure l’intégration dans ce nouveau poste, certainement car je menais simultanément cette intégration et la formation correspondante. Cela peut être extrêmement perturbant et difficile, du fait des nombreuses absences et donc du retard pris dans le travail.
Au-delà ce ça, je voudrais revenir sur un point « marquant » lors de mon arrivée dans le groupe, que je trouve assez révélateur du niveau de dialogue et de contact humain. « On m’a dit : si tu as la moindre question, consulte le Pixis » ! En matière d’accueil et de chaleur humaine, vous avouerez qu’on peut espérer mieux….Pour moi, les réponses aux questions et surtout aux difficultés ne passent par les descriptifs produits et le procédures, mais bien par les autres, leur expérience, leurs conseils.
D’ailleurs, je m’étonne qu’il n’y ait pas de proposition sur le sujet au niveau RH ou Communication Interne…. On ne devrait pas attendre d’être « au bout du rouleau », face au médecin du travail par exemple, pour évoquer nos questionnements. Quand je parlais d’isolement, cela renvoie sans doute à cette impression de désert relationnel…
Un représentant du personnel à la hauteur des enjeux …humains!
Ce sont toutes ces étapes, toutes ces « expériences » qui ont conduit Arnaud à la représentation syndicale.
« Je vais être direct : moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’image que l’on s’en fait, style partir en guerre, c’est plutôt parler avec les gens, m’assoir, les écouter parler de leur vie et de leur travail. C’est compliqué de parler de ses difficultés. On peut avoir peur du regard de l’autre, du jugement, des moqueries même … parfois les gens ont l’impression de se retrouver dans la « spirale de la loose ». Mais ce que j’essaie de dire, c’est que d’abord, on est des humains, et quel humain n’a pas déjà trébuché dans sa vie ? Ou rencontré des difficultés ?
Si j’occupe ce poste de représentant du personnel, vous l’aurez compris, c’est parce que je me sens investi d’une mission : rencontrer mes collègues, échanger avec eux sur leur métier, les difficultés rencontrées, l’état d’esprit général. Avec l’âge, on a envie d’être utile. Mon idéal : faire figure de (vieux) sage , celui qu’on va voir et consulter au fond du jardin…..
Comme Yoda dans sa grotte ? rires….
Une autre raison pour laquelle je me suis engagé, c’est mon envie de nouveauté et de progresser. J’aime bien faire de nouveaux trucs, apprendre de nouvelles choses, et quoi de plus riche qu’une rencontre, une situation à démêler, une aide à apporter…
Quels sont, d’après vous les principaux freins au dialogue, au partage ?
J’ai bien peur qu’il y ait un net manque de confiance.
Il me semble que les gens, les collègues entre eux se sentent « opposés, les uns contre les autres »… Cela vient probablement des objectifs et du mode de management. Il y a comme un climat insidieux qui ne favorise pas les échanges. A mon niveau, j’ai la chance d’avoir un manager ouvert, en qui j’ai confiance et avec qui je peux dialoguer. Mais ce n’est pas le cas dans toutes les agences, et ce n’est pas une question de taille, loin de là. On a détérioré l’esprit d’équipe pour favoriser l’individualisme.
Cela me renvoie à la notion de sport d’équipe et la notion d’entraide. Comment peut-on progresser sereinement si on doit se mettre chacun en concurrence ? Moi, je serais partant pour des objectifs collectifs, à atteindre en équipe …..
Justement, en parlant du sujet, comment ressentez vous la pression des objectifs ?
Je ne peux pas nier que nous avons des objectifs ambitieux mais selon moi, ce n’est pas forcément ça le problème. Si on est bien organisé, je pense que c’est faisable. Mais le problème vient de la forme et surtout de la forme du management. Les objectifs sont enrobés avec des mots comme « Atteindre » « Respecter « la norme ». Je trouve cela indirect . Ça veut dire quoi ? Que si on ne les atteint pas, on n’est pas dans la norme ? Clairement, on est un paria ? Tout à l’heure, quand je parlais de confiance, je pensais aussi à cela : Nous dire les choses clairement avec des paroles responsables.
Autre point important : la pression qui vient de la clientèle. La clientèle a changé. L’environnement économique a changé. Les gens sont pressés, impatients, procéduriers…en face de cela, on est des généralistes, exposés par notre manque de spécialisation. Et pas forcément bien aidés par les services juridiques… les échelons intermédiaires, moins « rentables » sont peu à peu supprimés. On a donc mathématiquement moins d’aide, de services supports. On se retrouve donc plus vulnérable face une clientèle plus exigeante.
Le covid a aussi fait beaucoup de dégât. Il a habitué nos dirigeants au distanciel et à l’automatisation. Le process de « déshumanisation » est en marche et me rappelle les débuts de la robotisation. Je ne suis pas très positif ou optimiste sur le sujet. C’est pour cela aussi que je ressens d’autant plus fortement le besoin d’aider mes collègues. J’ai envie de dire « On a tous besoin d’aide ! »
Un engagement humain,… trop humain ?
Si on revient sur mon engagement, je voudrais compléter et dire que si « on a tous , un jour ou l’autre besoin d’aide », chaque cas est bien sûr différent, chaque situation est individuelle, les contextes sont variés. Je me sens prêt pour cette écoute personnelle et pour essayer d’apporter une réponse la plus juste possible.
Je voudrais rajouter aussi, qu’un point essentiel de ma mission est la régularité. C’est primordial que mes collègues sachent que je suis là, ce que je peux leur apporter et où me trouver le jour où ils ont envie de parler .
Pour aller plus loin, un petit portrait « pop culture »
Si vous aimez le cinéma et la musique, prenez le temps de prendre un café avec Arnaud…je vous garantis un super moment.
Il est cinéphile depuis l’âge de 8 ans, quand sa maman l’a initié au cinéma d’auteur en l’emmenant voir RAN de Kurosawa. Ce fut pour lui un véritable choc . il se souvient encore de thèmes comme la politesse, le respect des codes et aussi la force des couleurs.
Maintenant, il a du mal à choisir tellement ses goûts sont vastes et éclectiques mais il cite Clint Eastwood , l’acteur et le Réalisateur : « sa carrière est un sans-faute, aucun mauvais choix » ainsi que David Fincher (Seven, Fight Club,…)
- Son film préféré « le Parrain » , ou comment protéger sa famille à n’importe quel prix .
- Sa chanson préférée est « Human nature » de Mickael Jackson … il adore l’artiste !!
- Le livre : « Le seigneur des anneaux » : des récits épiques incroyables , une ode à l’amitié et au don de soi , une œuvre magnifique.
Le conseil sportif du jour : « Il faut garder une activité physique au quotidien , c’est le meilleur moyen pour retarder les effets de la vieillesse ! »
Et pour finir, un conseil pour les nouveaux , : « Ne jamais rester seul devant l’adversité ! Ne pas se faire prendre dans un engrenage négatif. Sortir du silence et de la spirale… Quand on a la tête dans le guidon, on ne le sait pas, et on ne le sent pas, mais il ressort toujours du positif d’une expérience négative… «
Merci Arnaud pour cet agréable moment d’échange, très révélateur de votre envie d’aller vers les autres.