Les formes d’engagement sont nombreuses et peuvent prendre des formes très diverses.
Si l’on s’en tient à une définition stricte, il s’agit d’un acte par lequel on s’engage à accomplir quelque chose : promesse, convention ou contrat par lesquels on se lie.
Dans quel contexte ces « promesses » peuvent elle être formulées ? Amoureux, sociétal, social, au travail, voire même marketing.
L’engagement marketing
Commençons par celle-ci. Vraisemblablement la moins connue mais celle qui nous touche de manière la plus directe, voire la plus invasive en tant que consommateurs.
L’engagement marketing est une stratégie, qui vise verrouiller la relation avec son « client ». Et donc à le fidéliser au plus possible. Cela passe par une batterie de techniques : De la personnalisation des emails, des offres, à des notifications en tout genre.
Au service de cette stratégie, plusieurs outils opérationnels qui passent par la récolte de vos données, que ce soit volontaire, via le remplissage d’un formulaire de contact (Adresse, numéro de téléphone, adresse mail ,…) ou hameçonnées via les cookies de votre navigation internet ou l’analyse d’algorithmes comportementaux (vos « like » sur les réseaux sociaux par exemple) .
Une fois récoltées, vos données sont passées à la moulinette de techniques qui visent à proposer le plus d’offres correspondant à vos besoins et attentes, et donc à terme, à vous fidéliser sur tel ou tel produit. Fidéliser mais aussi satisfaire… Ce qui va vous propulser au rang supérieur : celui d’ Ambassadeur de la marque, quand vous donnerez des bons points, ou autres étoiles dans des fameux questionnaires « AVIS Clients ». Vous vous mettrez alors en position der recommander cette marque ou ce produit à d’autres acheteurs potentiels !
Voilà, vous êtes au cœur de l’engagement marketing .
L’engagement sociétal
Vous en conviendrez, on est bien loin des premières formes d’engagement sociétal….telles que on le voit dans les manuels du parfait syndicaliste !
Si on s’attaque au sujet de l’investissement sociétal, Il s’agit ici de donner de sa personne, pour de vrai, oserais-je dire ! Donner de son temps, de son énergie au service d’une cause, d’une association….
Cela passe par plusieurs formes.
Le bénévolat, l’organisation ou la promotion d’événements caritatifs. Voire le simple fait d’aller voter, base de l’engagement citoyen. (Coucou, le taux d’abstention aux dernières élections régionales !)
Il s’agit en fait, en théorie, d’agir pour le bien de tous. Les motivations de l’engagement répondent alors à l’envie d’être utile et d’agir pour les autres, de donner du sens à ses actions au travers d’une cause qui nous tient à cœur. Si on pousse le curseur, certaines définitions nous amènent même au fait d’être heureux en faisant le bonheur des autres.
Nous venons de franchir un cap philosophique !
Quid du bonheur dans l’engagement ?
On a pu s’apercevoir au cours de ces dernières années, d’une inflexion dans l’engagement sociétal, du moins une mutation. Si l’on observe par le prisme des manifestations populaires en réponse à des mesures gouvernementales, le changement s’est opéré soit vers la radicalisation (avec le mouvement des gilets jaunes et de l’intrusion des black blocks dans certaines manifs) ou à l’autre bout du spectre, une forme d’apathie.
Est-ce dû à un enchaînement d’événements négatifs subis et répétés ? Crise sanitaire, conflits géopolitiques, guerres, et autres tensions climatiques…. Est-ce dû à l’émergence de sociétés de plus en plus individualistes rivées à leurs écrans ? La conjonction de ces deux hypothèses nous conduit tout droit à cette perte d’enthousiasme, voire de joie, dans les mouvements collectifs.
C’est ce que le journaliste Martin Legros appelle, une « espèce de vibration collective citoyenne et politique emballante, qui convoquent les pulsions de vie, d’espoir »….dorénavant reléguées à une sorte de passion triste.
Pour s’aventurer à nouveau sur des chemins philosophiques , voici ce que dit la poétesse Adeline Baldacchino: « Changer les choses, c’est possible seulement quand on arrive à métamorphoser une rébellion initiale en désir partagé d’améliorer collectivement les choses, et surtout d’en rire ». Plutôt que de se soumettre à une espèce de culte de la performance et de la résilience, somme toute négative, on tirerait davantage de bienfaits à cultiver une forme de joie dans ces moments de partage que sont les manifestations.
A méditer…
L’engagement dans l’entreprise
On s’aperçoit que dans l’entreprise, on est aussi bien loin de ces élans vitaux et joyeux. Et que la plupart du temps, pour schématiser, la charge de travail nous accable et provoque une forme de résignation face aux décisions descendantes.
Pour l’illustrer, faisons un focus sur un phénomène récemment mis en lumière : le « Quiet Quitting » ou démission silencieuse en bon français.
Le « Quiet Quitting » est l’action d’en faire le moins possible, de ne pas se tuer au travail…. pour si peu ! mais de simplement faire son travail !
C’est un phénomène qui prend de l’ampleur, apparu en tout premier lieu sur le réseau social Tik Tok lors de la première vague de Covid. Les média et autres réseaux sociaux lui ont donné la visibilité qui le propulse aujourd’hui au premier plan des préoccupations managériales et RH.
Ce mouvement, en fait, ne date pas d’hier. On peut penser au freinage, à la grève du zèle. Le refus, en l’occurrence, ici le ralentissement, du travail, est une histoire vieille comme le capitalisme industriel.
La sociologie du travail a montré depuis longtemps qu’il y a une différence entre le travail prescrit et le travail réel. Aujourd’hui, les attentes de performance, voire de surperformance sont tellement fortes qu’on trouve étonnant voire anormal qu’on décide de faire simplement son travail ! De s’en tenir à ce qui est inscrit sur la fiche de poste !
Ce qui est nouveau, c’est le côté « individuel », le contraste avec d’anciennes formes de résistances , comme le montrait la force des syndicats dans les années 70. Aujourd’hui, la visibilité est bien moindre dans l’espace public. On parle de résistances individuelles, isolées, même si elles trouvent un écho dans l’espace public et médiatique.
Si l’on zoome, on voit que ces démarches isolées, au sein de l’entreprise répondent au besoin de mieux articuler l’équilibre entre sa vie personnelle et sa vie privée. C’est très fort notamment pour les femmes isolées, les foyers monoparentaux, ou encore les jeunes générations qui ont un autre rapport au travail.
Ça pose la question de norme : où est le bon équilibre ? Que dois-je privilégier pour gagner ma vie correctement ? Mais aussi de catégories professionnelles : Qui peut ralentir ? Certainement pas les free-lance, chauffeurs, livreurs et autres autoentrepreneurs au service de plateformes .
Le phénomène est donc très localisé socialement mais il permet de lancer la réflexion sur la valeur travail.
« Quiet Quitting « : Quel lien avec la « grande démission », apparue à la sortie de la crise sanitaire ? Plus ouverte, plus brutale, cette vague fut un phénomène massif, un effet de conjoncture, comme on en rencontre classiquement à la sortie de grandes crises sociétales .
La valeur travail et l’engagement
De manière globale, une réflexion profonde est engagée sur les mutations de la société, de la valeur travail et de notre engagement qu’il soit personnel ou individuel. Le sujet est ouvert et il est bien loin d’être clos ! Pourvu qu’il soit l’occasion de belles joutes verbales, d’avancées significatives pour un développement positif et joyeux et une amélioration générale de la qualité de vie au travail.