Dès qu’il existe un lien de subordination, une relation dominante, il existe un risque de déviance comportementale, de harcèlement qui peut prendre de nombreuses formes tant dans la sphère privée que dans la sphère professionnelle.
Cependant, les temps changent, notamment dans la sphère professionnelle ; Désormais, les salariés ont droit à la protection, ont la possibilité d’être entendus, représentés, défendus. Ils peuvent ainsi échapper à une relation destructrice. Les textes juridiques sont là, les chartes d’entreprises ne laissent aucune place à l’interprétation et le cadre législatif confirme le caractère condamnable de ces situations
Pour autant, il faut que nous agissions tous dans le même sens. Il faut ouvrir les yeux, ne pas hésiter à dénoncer des situations de harcèlement quelque soit l’auteur, quelque niveau hiérarchique qu’il représente. Personne n’est à l’abri.
Le harcelé ne doit plus endosser le rôle de victime, de coupable. Car le harceleur, lui, ne se gène pas et fait en sorte que sa victime perde sa confiance en lui, son estime de soi… des pertes majeures qui peuvent pousser à des actes ultimes et irrémédiables. La victime ne doit pas s’isoler, se renfermer. Ceux qui dénoncent ces situations ne doivent pas non plus être stigmatisés ou montrés du doigt livrés à la vindicte.
La honte doit changer de camp.
Le harceleur pris la main dans le sac va certes défendre son « honneur ». Il tentera de démontrer qu’il n’est pas ce que l’on tente de prouver ou de lui mettre sur le dos. Qu’avec le reste de son équipe ou de son entourage, il n’a jamais fait montre de déviance. Qu’il est clean… Tout sera bon pour que la victime soit désignée comme coupable. Celle d’où vient la perfidie, le mensonge…
C’est là ou notre regard doit changer. C’est le harceleur le coupable et non sa victime. C’est le harceleur qui bafoue la dignité humaine. C’est lui qui est indigne. Et lorsque c’est un manager qui se doit d’être exemplaire, il doit être sanctionné fermement. Pas le droit à une deuxième chance. Plus on se doit d’être exemplaire, plus la sanction doit l’être.
Bien entendu, il n’est pas question de chasses aux sorcières, de dénonciations calomnieuses, de diffamations, situations tout autant condamnables. La charte du CMAF est claire à ce sujet dans son chapitre 4. Mais il est question de rendre leur dignité aux victimes. .
La difficulté de témoigner réside dans le choix des interlocuteurs. Il faut éviter d’être doublement victime, c’est pourquoi le choix du médecin du travail soumis au secret peut être opportun.
Quelquefois, le DRH est plus au service de l’entreprise qu’à celui du salarié, d’autant que dans certains cas, toute la politique de l’employeur peut être la cause du harcèlement. Quelquefois, le collègue n’est plus l’ami sur qui compter puisque entrent en jeu des intérêts individuels, des ambitions propres où le risque de se mettre à dos l’employeur est souvent un frein au témoignage.
Dans le groupe CMAF, une charte Charte relative à la prévention et à la lutte contre le harcèlement et la violence au sein du Groupe Crédit Mutuel CM11 a été signée en 2018. Elle s’inscrit dans la volonté claire de faire appliquer les principes de respect de la dignité des personnes, de traiter le harcèlement et la violence au travail qui ne peuvent pas être admis au sein du Groupe. Parallèlement, le groupe s’engage dans l’amélioration continue de la Qualité de Vie au Travail afin de créer un climat de travail le plus favorable possible et mettre chaque collaborateur en situation d’épanouissement personnel en facilitant notamment l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle.
Avec cette charte, les Directions RH du groupe s’engagent. Nous faisons donc confiance à nos DRH pour que les choses avancent et que les managers et tous les salariés nocifs n’aient plus leur place. Pourquoi dissocier managers et salariés puisqu’eux mêmes sont salariés ? Pour une bonne raison : ayant un « pouvoir » via le lien de subordination, le risque est plus grand et ils se doivent d’être exemplaires.
Les syndicats se doivent d’être des interlocuteurs impartiaux aux côtés des victimes. La CGT s’est justement associée au défenseur des droits et s’engage contre les discriminations, les violences au travail.
La CGT CICSO ne permettra aucune compromission sur ces sujets, ni pour les victimes qui doivent être protégées ni pour ceux qui diffament qui doivent être sanctionnés au même titre que les coupables de harcèlement.
La honte doit changer de camp.